ARTE.TV - À LA DEMANDE - DOCUMENTAIRE
Après les attentats du 11 septembre 2001, on ne donnait pas cher de l’avenir de la friche industrielle de la High Line, les restes d’une voie ferroviaire surélevée dont les wagons, qui y circulaient jusqu’en 1980, desservaient les entrepôts de brique du quartier des abattoirs de New York, à quelques blocs du World Trade Center détruit.
D’ailleurs, à la fin de son mandat, Rudolph Giuliani, le maire « Monsieur Propre » de la ville entre 1994 et 2001, fait voter sa démolition, décision combattue par l’association fondée par deux résidents du quartier qui parvient à la faire retoquer. Le conseil municipal et le nouveau maire, Michael Bloomberg, optent pour un projet associatif de parc urbain, inspiré de la Promenade plantée parisienne, dite « Coulée verte René-Dumont », dans le 12e arrondissement.
La High Line est aménagée entre 2006 et 2009, date d’ouverture du premier tronçon de ce parcours de quelque 2,3 km, entre Gansevoort Street et la 34e Rue. Cette réhabilitation prodigieuse et inventive, qui parvient à conserver l’esthétique industrielle du quartier et les végétaux qui s’y étaient développés, devient l’un des lieux de respiration de New York, comme le montre ce numéro de la série des « Etonnants jardins », proposée cet été par Arte.
Forte nostalgie
Mais depuis le tournage de ce documentaire, en 2017, et sa première diffusion, en 2018, les nouveaux immeubles se sont multipliés à l’entour. De sorte que la « perspective sur la ville de New York » que vante encore le site Internet de la High Line, sur l’Hudson et sur les bâtiments industriels et d’architectes du quartier (par exemple l’iceberg aux reflets bleutés construit en 2007 pour IAC/InterActiveCorp par Frank Gehry), est aujourd’hui largement occultée.
Le nouveau quartier des Hudson Yards a transformé la promenade de la High Line, étroite mais naguère aérée et dégagée, en une sorte de goulet circulant dans l’ombre oppressante de ces hauts et très hauts immeubles de luxe – dont le prix des appartements s’est envolé (6 millions d’euros en moyenne), autant que le nombre d’étages.
La seule partie de la High Line encore à découvert et qui garde la poésie qu’exsudent les clichés du photographe Joel Sternfeld, faits avant la réhabilitation, est celle qui contourne et surplombe les voies ferrées d’une gare de triage, dans l’ouest de ce nouveau quartier résidentiel et d’affaires, et peu avant l’une des extrémités du parcours. Mais pour combien de temps encore ?
Un documentaire d’Arte plus récent, New York, métropole des arts (2019), de Michael Trabitzsch, semblait prononcer l’oraison funèbre de ce quartier qui fut celui des ateliers de jeunes peintres et de la contre-culture bohème (que dépeignent par exemple les vidéos de Nelson Sullivan). Car ceux-ci ont dû plier bagage en même temps que s’y imposait le Shed, un complexe culturel multimédia très officiel et très richement doté.
De sorte qu’on est pris d’une forte nostalgie en revoyant ces images tournées pour « Etonnants jardins », qui montrent une High Line qui n’était pas encore victime d’un succès dont personne, à ses débuts, n’avait envisagé l’extraordinaire amplitude. Demeure cependant le beau jardin d’herbes folles et de plantes sauvages savamment domestiquées par le paysagiste néerlandais Piet Oudolf.
August 27, 2020 at 11:00PM
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Revoir la High Line de New York dans son jus de 2017 - Le Monde
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jus
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